LA FERME DE TOLUMONT

Un projet pilote de Ferme
agro-écologique touristique
post-industrielle

Contexte de l’idée de projet

L’ASBL “Le Biodrome” est devenue propriétaire de la Ferme de Tolumont à la fin 2020, reçue en héritage suite au décès de DELVAUX Dominique. Tolumont est un lieu-dit historique et culturel, située dans le sud de la commune d’Anthisnes. Elle est construite au début du XVIIIème et constituée de différents corps de ferme sur presque 4 ha de terrains agricoles. Isolée au sein d’une forêt (~200 ha) en zone Natura 2000 en grande majorité la propriété de la commune d’Anthisnes et de Comblain, elle fut jusqu’en 2013 une ferme paysanne produisant du fromage de Chèvre Biologique.

A l’aube de dérégulations climatiques profondes et d’une raréfaction des énergies fossiles peu chères, se pose la question du modèle de production et de consommation souhaité qu’il est réellement possible de mettre en oeuvre dans les années à venir au niveau agricole pour répondre aux besoins primaires d’une société (logement, nourriture, chauffage/vêtements au sens pyramide des besoins selon Maslow).

L’inspiration première de ce projet pilote est une simple question: 

“Comment fournir les besoins primaires sur un territoire donné, pour une population donnée avec des outils de production qui ne peuvent plus profiter à terme des énergies fossiles et nucléaires avec la même facilité qu’actuellement?”

Il s’agit d’élaborer un prototype de filet de sécurité pour subvenir aux besoins de base des habitants au travers une expérience pilote d’un modèle de production agro-écologique, de transformation et de distribution intégrant les contraintes d’un système qui se retrouve privé de sa capacité à utiliser une énergie abondante et peu chère. Dans un futur relativement proche, nous assisterons à la chute drastique de notre modèle productif européen à disposer de ses capacités à fournir des biens et services de consommation vitaux (que cela soit pour des raisons purement énergétiques, une question d’ordre économique et/ou environnemental – toutes ces raisons étant intrinsèquement liées) avec la même facilité qu’actuellement. 

Notre tissu productif et économique est dépendant de notre capacité à nous fournir et à consommer les principales sources d’énergie (pétrole, gaz et électricité). Et ce, peu importe le secteur d’activité économique dont nous parlons, – de la production, la transformation ou encore la distribution de nourriture, de vêtements, –  au niveau de la construction ou des moyens de chauffage. Les énergies fossiles et nucléaires sont indispensables à notre bien être, à notre qualité de vie et même jusqu’à la subsistance de notre modèle économique basé sur la croissance. Hors, nous observons déjà depuis deux décennies une réduction (-15 à -20%) de notre capacité à mobiliser ces énergies.

Considérant ces contraintes à venir comme un fait déjà établi et, malgré le fait que la variable temps soit inconnue, que la capacité de la société humaine à “corriger le tir” en vue de “sauver les meubles” est une probabilité qui s’amenuise de plus en plus, il nous semble donc plus que rationnel de se pencher sur l’établissement d’un plan stratégique de secours tant que nous disposons d’un accès relativement facile à ces énergies. 

Ceci constitue le corps même du projet que nous défendons et développons d’ors et déjà sur la Ferme de Tolumont.

Description du projet (actions/tâches)

L’objectif principal est de développer un projet pilote agro-écologique d’un modèle reproductible de ferme post-industrielle, alliant agro-foresterie et tourisme pour sa viabilité économique. Par définition, elle est de petite taille, son rôle est de participer au mieux de ses capacités à élaborer les mécanismes nécessaires pour remplir les besoins primaires d’une population au sein d’un territoire (logement – nourriture – vêtements/chauffage). 

Ses objectifs spécifiques sont multiples et définis brièvement comme suit:

  • Identification des fonctions et des capacités nécessaires afin de remplir les besoins primaires. Pour chaque fonction, des actions concrètes doivent être réalisées s’agissant de fournir des services généraux constitutifs des besoins primaires:
    • Alimentation: Déterminer quels rendements devraient être atteint pour la production animale et végétale, les méthodes et techniques de production possibles sans énergie fossile et nucléaire (Technique de production lié à la permaculture, à un élevage raisonnable et respectueux du bien-être animal). Déterminer les techniques de transformation et de conservation (conserves/bocaux sous-vide, déshydratation, salage/fumage)
    • Logement: Déterminer les plans et techniques de construction d’habitats légers sur base de matériaux naturels disponibles sur place (principalement bois, argile, paille)
    • Vêtement/chauffage: Déterminer les techniques de production et de confection pour se fournir en matières premières nécessaires à la confection de tissus et vêtements. (laine, lin, orties, métiers à filer/tisser, atelier de couture)
  • Elaboration des mécanismes de production et de commercialisation indispensables pour la viabilité économique du projet pilote afin de l’inclure dans une dimension reproductible.
    • Déterminer les fréquences de production et leurs canaux de distribution, les contraintes potentielles liées au tourisme/production.
    • Mise au norme/réglementations à respecter. 
  • Projection des moyens nécessaires pour la mise en oeuvre des actions et besoins identifiés.
    • Etablissement du business plan sur base du business model élaboré dans les étapes précédentes. 
    • Elaboration de stratégies de financement, recherche de fonds (Donations/mécénats, prêts, subsides, crowdfunding, …)
  • Mise en oeuvre du plan stratégique, élaboré en 2023, dans le courant des années 2023-2027.
    • Construction de projet en 2023, son “PCM” (Project Cycle Management) sera établi début 2023 et implémenté de 2023 à 2027 en intégrant un processus d’auto-évaluation (ante et ex-post) identifiant critères et indicateurs pour permettre un pilotage rigoureux du project et respectueux du cadre établi aux fins de servir pour le rapport d’activité et faciliter le contrôle des bailleurs de fonds. 

Pour être plus concret et présenter en quelques lignes les actions/tâches prévues, début 2023 verra finaliser la mise aux normes électriques et sécurité des bâtiments afin de pouvoir exploiter économiquement deux gîtes déjà aménagés, de construire 4-6 habitats légers courant printemps/été afin d’être exploités et constituer un revenus le plus rapidement possible. La saison 2023 verra également l’aménagement de parcelles de production maraîchère et du petit élevage ainsi que la mise en conformité AFSCA pour permettre leur commercialisation. Courant été/Automne 2023, finalisation des plans et mécanismes de financement pour construction d’un atelier boulangerie et d’une cuisine professionnelle de transformation aux normes aux fins également de constituer des revenus permettant l’engagement du personnel adéquat. Nous comptons travailler avec nos membres bénévoles mais également via les mécanismes participatifs de type “Woofing” / “Work Away” toujours dans un cadre associatif non lucratif. 

Résultats attendus

En tant que projet pilote d’un modèle qui se veut reproductible, l’échelle et la dimension des expériences et pratiques menées restent de petites échelles, éducatives, variées, transversales et localisées au même endroit. Ceci afin que leurs reproductions potentielles puissent se baser sur une partie d’entre elles, comme un menu à la carte, depuis un même lieu de sensibilisation tant par la population au sens large que par un public plus ciblé que sont les travailleurs issus du monde agricole/sylvicole, du premier comme du second secteur. 

En plus de sa qualité de projet pilote reproductible, nous visons à toucher un public large qui nous est difficile de quantifier actuellement mais que nous envisageons sur les 4 ans au nombre de quelques milliers. Au vu de notre approche transversale – touristique, agro-écologique de sensibilisation, d’accueil et de formation par la pratique – et l’attrait important que suscite ce type de lieux (Cfr: Chateau de Guédelon / L’éco-musée d’Alsace), nous pouvons estimer des visiteurs issus des communes et collectivités avoisinantes, de plus loin en Belgique mais également des pays limitrophes. 

En terme de résultats opérationnels, nous comptons à terme sur une moyenne annuelle de 500 nuitées de logement (2-4 personnes)/an et 2000 visiteurs “quotidien”/an pour nos activités et animations (~20 visiteurs/jour). Ce qui représenterait un potentiel de 3-4000 personnes sensibilisées sur place. À cela pourrait être ajouté les personnes présentes dans le cadre des échanges travail contre logement/nourriture (Woofing/Work away) et ceux touchés par notre communication (réseaux sociaux/presse/tourisme). Les visiteurs quotidiens ayant des répercussions sur les commerces et la demande touristiques dans les communes environnantes.

Nous comptons pour les besoins de notre production, toujours dans une optique post-industrielle, aménager à terme des ateliers de travail de la Pierre, du Bois (scierie), Poterie (Terre-cuite), Forge (Métal), Vannerie, Conservation, Boulangerie, Rucher, Tissage (vêtements) Herboristerie, etc… la description et time line de ces ateliers se doivent d’être encore déterminées courant 2023. Ce qui nécessiterait à terme de nombreux engagements pour appuyer le développement du projet recouvrant de nombreuses compétences.

Nos pratiques agro-écologiques favorisent l’augmentation de la biodiversité. Nous travaillerons sur nos terrains mais également sur nos lisières (collaboration DNF) et en appui avec les agriculteurs environnants afin de les sensibiliser aux pratiques d’agro-foresterie régénératrice.

Objectifs de la stratégie rencontrés 

Notre action résolument transversale nous amène à aborder de nombreux objectifs de la stratégie territoriale définie par le GAL des condruses mais de manière “superficielle” au vu de la relative petite surface exploitée et suivant le principe de développement d’un lieu de sensibilisation et de formation par la pratique. Sans rentrer dans des précisions exhaustives à ce stade de la sélection pour chaque Objectif Stratégique (O.S.), nous pouvons affirmer que notre impact estimé recouvre très largement les différents axes repris dans le cadre du programme. 

La promotion de pratiques d’agro-écologiques favorise l’environnement, la biodiversité et contribue à l’amélioration et le respect du patrimoine naturel remises dans le premier axe. Notre réflexion sur l’énergie et le climat afin de s’autonomiser dans le respect des contraintes environnementales cherchant l’équilibre entre besoin et capacité de production afin d’atteindre une sobriété énergétique nous ancre résolument dans le second axe. Notre volonté de developper des habitats légers durables de petites tailles et nos ateliers des métiers artisanaux permettant une (auto)formation ou de sensibilisation auprès d’un public large (familles, écoles …) nous insère concrètement dans le troisième axe. En tant que projet Pilote de ferme post-industrielle qui s’inspire du passé avec des technologies et savoir d’antan et d’aujourd’hui, nous participons à construire l’agriculture de demain et les formes des exploitations agricoles du XXIème siècle. La résultante de nos mobilisations de savoir, actions agro-touristiques, de nos sensibilisations et formations sera une relocalisation territoriale profonde de l’économie en adéquation avec les réponses nécessaires pour faire face aux besoins économiques complexes et contraintes environnementales grandissantes.

AXE I : Environnement – Biodiversité – Patrimoine naturel 

OS 1. : Améliorer la biodiversité des sols

OS 2. : Renforcer la protection des ressources hydriques

OS 3. : Renforcer le maillage écologique

OS 4. : Protéger et maintenir les paysages

AXE II : Energie – Climat

OS 1. : Développer la production et l’autonomie énergétique durables, gérées et entretenues

OS 2. : Favoriser l’équilibrer entre production et consommation énergétique

OS 3. : Rénover le bâti et rechercher la sobriété énergétique

AXE III : Société – Culture

OS 1. : Rendre les jeunes acteurs de leur avenir et de celui du territoire

OS 2. : Faire des acteurs sociaux et culturels des moteurs du développement territorial (transversal)

OS 3. : Soutenir le développement de nouvelles formes d’habiter

OS 4. : Proximité / cohésion sociale/lutte contre l’isolement

AXE IV: Alimentation – Agriculture

OS 1. : Développer une gestion territorialisée du carbone

OS 2. : Renforcer les autonomies agricole et alimentaire

OS 3. : Renforcer le lien entre agriculture et citoyens

AXE VI : Economie locale – Commerce

OS 1. : Développer des écosystèmes favorables à la création de valeur

OS 3. : Renforcer l’attractivité du territoire

OS 4. : Favoriser le développement de l’économie résidentielle et de l’économie circulaire

OS 5. : Accompagner la mise en tourisme durable du territoire